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L’Algérie : une destination touristique |
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« Cet immense pays a de quoi
satisfaire les attentes du voyageur», c’est par cette sentence,
aussi révélatrice qu’emblématique et qui en dit long sur la perception du pays
par les étrangers, qu’un célèbre guide touristique très connu ouvre sa première
page sur l’Algérie. C’est du Nord au Sud, en passant par les principales
régions à forte image (potentiellement touristique), que cette destination est présentée
au touriste potentiel qui voudrait bien partir à la découverte de l’authentique
pays.
Mais, la destination Algérie existe-t-elle
réellement ? Remplie-t-elle les critères nécessaires que toute destination
touristique est censée avoir ?
La destination El Djazaïr est un vœu pieu et
même historiquement légitime. Elle a toujours été une destination de
choix et une terre d’accueil réputée pour son hospitalité légendaire et son
multiculturalisme riche et varié. Le nord se confond avec le sud, la mer avec
le désert. L’extraordinaire réalité de la vie montagnarde en Kabylie et dans
les Aurès se prolonge dans les plaines fertiles du Tell et des hauts plateaux.
Les cités contemporaines rejoignent d’authentiques Casbahs et Ksour qui se
juxtaposent et s’enlacent pour ne former qu’une seule et même entité. Aussi, la
tradition se confond avec les civilisations successives, de la plus antique à
la plus contemporaine ayant façonné cet immense territoire, aux multiples
paysages mais très peu connu des touristes contemporains, offert à celui qui
cherche à le découvrir.
En revanche, cette diversité, aussi riche
soit-elle, n’est rien si l’élément humain n’est pas mis en avant et si l’offre
touristique n’est pas suffisamment réfléchie et convenablement travaillée en
profondeur. Le tourisme n’est plus une escapade improvisée, un voyage bâclé ou
une visite spontanée. Il est devenu une industrie de choix et un domaine dans
lequel l’improvisation n’est plus de mise. Le professionnalisme est la
quintessence même de la mise en tourisme de toute destination et le marché
touristique, à l’heure de la mondialisation, est des plus exigeants.
La promotion de la destination doit
s’appuyer sur des éléments tangibles et sur une information réelle, vérifiée et
vérifiable. Or jusqu’à récemment, l’inexactitude et même l’absence
d’informations étaient souvent la règle qui caractérise la communication et le
produit touristique algérien. Les données relevées dans les documents officiels
ou dans les guides, quand ils existaient, étaient le plus souvent erronées et
ne correspondaient que rarement aux produits ou services touristiques
concernés. On s’interrogeait même sur la persistance de telles pratiques et sur
cette situation invraisemblable, mais réelle, sachant que beaucoup de
professionnels compétents et chevronnés s’activent dans le domaine du tourisme.
L’Algérie touristique d’aujourd’hui semble
montrer, et de plus en plus, un autre visage, celui d’une destination
touristique en devenir avec laquelle il faudrait compter dans un futur proche.
Et même si la marche est un peu lente, ce n’est dorénavant qu’une question de
temps : le temps de mettre en place les projets effectivement lancés et le
temps nécessaire à l’intégration de cette nouvelle destination dans le marché
touristique mondial. Mais il faut également le temps nécessaire pour attirer et
fidéliser une clientèle touristique difficilement captable alors que la
concurrence est de plus en plus rude, notamment autour de la Méditerranée.
L’Algérie touristique devra faire plus pour redorer son blason et convaincre
les touristes étrangers, particulièrement Européens, à l’élire un jour comme
destination, tant le touriste est sensible et volatile à la moindre incartade.
Aussi, une meilleure appréhension du fait touristique n’est qu’un plus pour
mieux se vendre sur le marché.
L’image de la nouvelle Algérie touristique
est encore balbutiante, si elle n’est pas complètement en gestation, s’agissant
de l’appréciation que peut avoir le touriste étranger d’un pays comme le notre.
Elle n’y figure nulle part, si ce n’est à travers les salons professionnels et
chez les tours opérateurs qui actualisent chaque année leurs répertoires et
omettent volontiers de l’y inclure. Ces derniers sont les véritables acteurs et
les grands chantres de la mise en tourisme ou pas d’une destination
touristique. Et cela exige un extraordinaire travail en amont fondé sur la
prospection, l’étude, l’analyse et le sondage de la fiabilité du produit, de son
acceptation par la clientèle et ses retombées éventuelles une fois
commercialisé.
Une mise en tourisme d’une destination est une affaire sérieuse qui requiert
du temps mais aussi de l’investissement humain et financier. Sa réussite dépend
largement de l’implication des différents intervenants comme de l’appui, ô
combien primordial, des populations locales, premières concernées par le
projet. Le tourisme est une activité humaine économiquement stratégique mais
aussi hautement culturelle et personnelle, à la fois pour les visiteurs et pour
leurs hôtes.
L’Algérie, pays aux
riches composants touristiques, existe, pour l’instant, dans les aspirations et
les souhaits de ceux qui voudraient bien la soumettre au tourisme mais aussi
chez les initiés qui la visitent ou qui aspirent à le faire. Il semblerait même
que le côté artisanal l’emporte encore quand il s’agit de présenter cette
destination en tant que produit fini. En effet, il ne suffit pas de vouloir en
faire une destination touristique pour que le tourisme international s’y
intéresse. La présence d’un pavillon Algérie dans les principaux salons internationaux
est loin d’être suffisant. La création de représentations actives et dynamiques
dans les principaux pays ciblés, telle une Maison de l’Algérie ou Office du
Tourisme à l’étranger à l’instar de ce qui se fait ailleurs, pourrait compléter
et même affirmer la présence et la fiabilité de cette destination.
L’infrastructure
touristique en Algérie manque, elle aussi, de cohérence et demeure loin des
exigences et des normes en vigueur. L’hôtellerie y implante à peine ses
premiers jalons de qualité internationale. Une simple recherche sur internet
nous donne une idée instructive sur l’ampleur du vide. A l’exception des
quelques grands hôtels, tels l’Aurassi, El Djazaïr ou les grands hôtels des
chaînes internationales présentes dans les grandes villes, il n’est pas aisé
d’effectuer une réservation. Le transport, lui, reste encore une problématique
qu’il faudra bien résoudre tôt ou tard. Si des promotions pendant la basse
saison sont de plus en plus importantes, les prix des billets pendant la
période estivale sont exorbitants, et même indécents. Pour exemple, l’été
dernier, le prix d’un billet
Paris-Alger, aller-retour, a dépassé les 735 €, alors que pour la même
somme on peut acheter un séjour tout compris dans un établissement balnéaire
méditerranéen. L’arrivée de nouvelles compagnies aériennes étrangères n’affecte
malheureusement pas encore les prix des billets, particulièrement en haute
saison.
La restauration, l’autre
parent pauvre du tourisme algérien, n’est pas encore à la hauteur, et la
situation ne semble pas convenir au tourisme qu’on voudrait volontiers voir
naître dans le pays. Certes, la gastronomie algérienne est très riche, mais la
réalité de la restauration y est partout loin, même très loin, de ce qui est
exigé. Un travail de profondeur est indispensable pour mettre tout le secteur à
jour. Dans tous les cas, il est primordial que les mentalités changent si l’on
veut que la destination Algérie apparaisse un jour dans le catalogue des
grandes destinations.
Moussa LEHCHILLI |
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