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Amel Tandjaoui, Présidente de l’Association ʺLes Nomades Algériens ʺ |
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« Susciter l’intérêt pour le voyage en Algérie »
Il serait très dommage d’ignorer la beauté de son pays et de ne pas profiter, chaque fois que l’occasion se présente, des paysages époustouflants que recèlent nos différentes régions touristiques juste pour le plaisir des yeux. Fort heureusement il y a des personnes qui sont armées de bonne volonté, qui ne ménagent aucun effort pour réveiller ?l’amoureux du voyage? qui sommeille en nous. Pour ce faire, l’association ?Les Nomades Algériens ? active depuis plus d’une décennie pour la promotion du tourisme locale et la culture du voyage tout en sensibilisant aux valeurs d’éco-responsabilité et de solidarité.
Tourisme Magazine: Le principal objectif de l’association ?Les Nomades Algériens ?est de raviver l’amour de l’Algérie chez les algériens avant tout, puis chez les étrangers, en leur faisant découvrir les merveilleux sites dont recèle ce pays au point d’en être insoupçonnés, qu’en est-il de votre noble mission, autrement dit quel bilan faites-vous de votre parcours depuis 2009 date de la création de l’association?
Amel Tandjaoui: L’association a été créée à l’issue d’un constat fait par un groupe de jeunes Oranais sur les potentialités touristiques qu’offrait l’Algérie, qui étaient souvent inexploitées et même méconnues, en particulier par le jeune Algérien. L’association s’est alors fixée comme objectif de remédier à cela à travers plusieurs axes d’intervention. Parmi nos activités, nous retrouverons bien évidemment l’organisation de voyages, de randonnées, de bivouac etc. Ce sont des activités accessibles à notre public cible, c.à .d. le jeune Algérien. À travers ces activités, nous partageons des endroits souvent méconnus. L’objectif est alors au delà du voyage en lui même, car nous aspirons à travers cela à faire prendre conscience des possibilités et à titiller une curiosité qui suscitera un intérêt pour le voyage en Algérie. Parmi les destinations déjà parcourues : Tiaret, Dellys, Ténes, Sétif, etc. Les bivouacs et les randonnées sont souvent des activités que nous organisons dans les forêts, plages et criques sauvages de l’Oranie.
L’association organise également des visites guidées au niveau de la ville d’Oran. Ces visites sont programmées et ouvertes à la participation du public. Elles peuvent aussi être faites à la demande.
L’association par ses activités tend à promouvoir la culture du voyage en sensibilisant aux valeurs d’éco-responsabilité et de solidarité.
Nous organisons également des activités culturelles qui visent toujours la promotion de l’activité touristique et du patrimoine. Parmi ces activités, je peux citer l’organisation de : conférences, cafés littéraires, expositions de photographies, etc. L’association possède d’ailleurs un club de photographie nommé “ISO Club†dont l’activité phare est “Les journées de la photo†organisée annuellement avec l’Institut Français.
L’association a également mené plusieurs projets dont le dernier en date avait pour objet la valorisation du métier d’organisateur de voyages éco-responsables et solidaires, et a été l’occasion de capitaliser l’expérience de l’association dans le domaine, de promouvoir ce métier, et d’y former une vingtaine de jeunes bénéficiaires.
L’un des projets phares de l’association est le projet Ighzer. C’est un projet mené sur deux éditions en partenariat avec l’association “L’enfant heureux d’Ighzerâ€. Ighzer étant un modeste village, havre de paix, proche de Timimoune mais encore méconnu du le public il y a quelques années, et où il y a tellement à faire avec les enfants de l’école.
Actuellement, l’association organise une série de tables rondes en ligne afin de traiter du sujet du tourisme à l’ère de la Covid-19.
Tourisme Magazine: Être nomade algérien consiste en quoi ?
Amel Tandjaoui: Être nomade algérien c’est porter en soi une soif de découverte de l’autre, de l’inconnu et du partage.
En voyageant dans notre immense pays, on découvre d’autres façons de voir les choses et la vie, et on se rend compte que nos “vérités†ne sont pas nécessairement absolues. Être nomade algérien c’est prendre toutes ces différences comme une richesse.
Du moment qu’on adhère à l’association, on comprend qu’on a un rôle à jouer au sein de l’association, et par la même occasion donc au sein de la société. Dans notre association, nous faisons en sorte d’impliquer les membres et de les sensibiliser au fait qu’ils ne sont pas spectateurs, ni simples bénéficiaire, mais acteurs à part entière
Tourisme Magazine: Il est important d’apprécier les conséquences mais aussi les opportunités que présente cette crise sanitaire pour l’avenir du tourisme en Algérie. Aussi, l’association ?Les Nomades Algériens ? a initié un projet très intéressant sous une configuration de quatre webinaires (du 29 août au 19 septembre 2020), pouvez-vous nous en parler avec plus de détails ?
Amel Tandjaoui: L’association organise depuis le 29 août dernier une série de webinaires sous forme de tables rondes dont l’intitulé est “Tourisme domestique à l’ère de la Covid-19â€.
À travers ces webinaires, nous regroupons, lors de chaque session, différents acteurs du tourisme domestique algérien, afin de discuter des différentes facettes de la problématique actuelle à travers plusieurs angles de vue.
La pandémie a touché le secteur touristique de plein fouet et a gelé toutes ses activités. Nous tenons, à travers cette activité, exploiter le “bon†côté des choses étant donné que toute crise mène nécessairement à plus de créativité. Une pause aussi longue était donc l’occasion de remettre les choses en question et de revoir les stratégies.
De plus, avec les frontières fermées, le tourisme domestique a plus que jamais ses chances de refleurir. Nous tenons à faire prendre aux gens conscience de cela.
La série comporte donc 4 webinaires. Lors du premier, tenu le 29 août, nos intervenants ont fait un état des lieux du tourisme de manière générale, puis durant de la crise sanitaire. Lors du deuxième, tenu le 05 septembre, nous nous sommes penché sur la question qui était comment allier tourisme et covid-19. Au moment de l’écriture de ces lignes, il nous reste deux autres webinaires. Le prochain se fera le 12 septembre et il traitera du sujet de l’investissement dans le tourisme domestique. L’investissement sera abordé d’un point de vue de l’investisseur économique, mais aussi d’un point de vue personnel, en considérant que voyager en Algérie, est également un investissement pour le voyageur. Enfin, le dernier webinaire sera l’occasion de mettre en lumière les opportunités apportées par la crise sanitaire.
La participation aux webinaires est ouverte aux professionnels du domaine et à toute personne intéressée par ce sujet et qui veut y apporter sa contribution.
Nous aspirons, à travers cette activité, à offrir un cadre de discussion entre acteurs de la scène touristique domestique algérienne.
Tourisme Magazine: Quels sont les projets qui sont en cours d'exécution ainsi que ceux qui se préparent à être lancés ?
Amel Tandjaoui: Comme pour la majorité des acteurs, toutes catégories confondues, l’activité de l’association a elle aussi été chamboulée par la crise sanitaire. Tout ce qui était prévu a dû être mis en suspens. Nous avons profité de cette période pour faire un travail en interne, chose qui ne se serait peut-être pas faite en temps normal, tellement nous sommes pris dans le feu de l’action.
Nous nous adaptons à la situation, puisqu’elle risque de durer encore. De nouveaux projets sont en cours de préparation et ils seront annoncés au public au moment opportun.
Tourisme Magazine: Quel genre de relation entretenez-vous avec d’autres associations dans le monde ?
Amel Tandjaoui: Les relations entretenues par l’association sont pour la plupart des relations avec d’autres associations algériennes, du moins à ce jour.
L'association maintient une relation de complémentarité avec les autres associations actives oranaises. La ville d’Oran dispose d’un environnement associatif extrêmement riche. Cette richesse est encore plus forte lorsque les associations sont dans la mise en commun des ressources et du savoir faire.
L’association possède également des partenaires un peu partout au niveau du territoire national à travers tous ses déplacements. À chaque visite d’une ville, nous faisons en sorte d’avoir une association locale partenaire. Quoi de mieux pour bien découvrir la ville ? Il arrive par la suite, que ladite association vienne à son tour découvrir notre ville.
Tourisme Magazine: A votre avis, hormis le problème de la crise sanitaire, comment voyez-vous le développement du secteur touristique dans notre pays à l’avenir ?
Amel Tandjaoui: On le dit depuis plusieurs années, le secteur touristique algérien doit être mis plus en avant. Cela signifie prendre plus au sérieux la qualité des services et des infrastructures. Le touriste réclame ce qu’il y a de mieux et tant qu’il sera déçu, il ira malheureusement voir ailleurs.
Nous n’avons pas besoin de faire ce qui se fait ailleurs, mais nous pouvons proposer un produit adapté et de qualité.
Il est également nécessaire de diversifier l’offre et de prendre en considération des segments qui sont à ce jour presque ignorés. Pour des jeunes Algériens qui veulent voyager, il est nécessaire qu’il y ait des services de transport et d'hébergement à petit budget.
Nous voyons à présent de plus en plus de groupes, qui se lancent dans l’organisation de voyages et de sorties pour le public. Ces groupes sont parfois informels, et il serait intéressant de prévoir un nouveau statut de voyagiste à part entière qui les absorberait et qui mettrait les bases pour un encadrement de leurs activités. Et cela, en parallèle du statut de l’agence de voyage.
Tourisme Magazine: La société civile est appelée à jouer un rôle crucial et déterminant dans le projet d’édification de l’Algérie nouvelle prôné par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, quel est votre commentaire ?
Amel Tandjaoui: Cela est très encourageant. La société civile est en effet une force de proposition qui recèle d’une énergie incroyable. Les personnes y sont motivées et passionnées, mais elles sont surtout proches du terrain et proches des préoccupations du citoyen. Si on lui donne les moyens, la société civile pourra alors vraiment jouer son rôle d’intermédiaire entre l’état et le citoyen.
Tourisme Magazine: Rejoindre votre équipe, permettra à votre association de concrétiser des projets ayant un impact direct sur le bien-être de tout le monde, quel est votre message dans ce sens ?
Amel Tandjaoui: Un nouveau membre qui arrive à l’association aide à accomplir et à concrétiser ce qui est déjà en route. Mais ce qu’il est aussi intéressant de noter est qu’un membre qui adhère à l’association aura à sa disposition une plateforme constituée de personnes et d’outils pour concrétiser ses idées et provoquer le changement qu’il veut opérer sur les choses, du moment que cela participe à l’accomplissement des missions de l’association. Pour cela, nous faisons en sorte de le responsabiliser afin qu’il prenne conscience que l’association est la sienne. Aussi, chaque nouveau membre amène avec lui quelque chose d’unique et nous nous efforçons de faire de notre mieux pour déceler le plus qu’il pourra nous ajouter à l’association.
Tourisme Magazine: je vous laisse décider du dernier mot ?
Amel Tandjaoui: J’en profite alors pour lancer un appel à contribution. En effet, notre association possède des charges de fonctionnement pour pouvoir continuer de vivre, et la crise sanitaire a impacté ses activités habituelles, source de revenue. Toute aide est donc la bienvenue. Plus d’informations peuvent être trouvées sur notre site web : www.nomades-algeriens.com .
Pour finir, je tiens à remercier les membres de l’association pour le travail bénévole incroyable qu’ils font. Parfois il m’arrive de m’arrêter, de les contempler et à en être fière. J’invite toute personne qui est sensible aux missions de l’association à rejoindre l’équipe.
Interview réalisé par Rabah Karali
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